VUE PAR KARINE:
Elle m’annonce qu’elle arrive à l’hôtel alors que j'étais même pas là moi-même! Donc, pars à la course comme une belle conne pour couvrir ma menterie, arrive à ma chambre, me couche avec ma face de fille qui fait pitié, elle arrive.... Elle a des fruits frais, s'inquiète genre vraiment trop pour moi, veut appeler un docteur et décide de faire acheter par le room service de l'huile de coconut pour me faire un massage de tête... Dire que le matin même j'étais en pleine forme, m'étais lavé les cheveux et les trouvais presque beaux, vous dire le gâchis après m'être faite frotter le fond de la tête à l'huile avec ardeur, (genre de frottage de tête que tu fais avec une balloune pour qu'elle colle au mur) et vous raconter combien les petits coups de poing qu'elle assénait sur le dessus de mon crâne en guise de bouquet finale m’étaient désagréables.
Une fois débarrassée d’elle, c’est les cheveux en lambeaux que je suis allé retrouver Anne qui, de son côté, s’était mise à vomir. Moi aussi je dépérissais, mais plus du côté des intestins si vous voyez ce que je veux dire. C’est donc en même temps que ce début de chiasse que la Brahmane s’est mise à m’appeler sans arrêt, à intervalle régulier de 7 minutes. J’ai mis mon téléphone sous silence mais au bout d’un moment, ayant peur qu’elle décide de revenir, je lui écris un texto pour lui dire qu’on se verrait le lendemain, que j’étais fatiguée et voulais dormir. Ça l’a calmée pour une heure c’est tout. Elle commence à me faire freaker. Je me sens prise en otage par cette femme qui soudainement brime une des choses que j’ai de plus précieuse; ma liberté. Dire qu’hier elle n’existait même pas et qu’aujourd’hui elle m’oblige à me cacher dans un hôtel perdue de l’ouest Indien. Vous croyez que vous vous en seriez mieux sortis que moi, que vous l’auriez envoyé chier et basta… désolée mais je crois pas non, je ne suis pas pire que vous.
Le lendemain elle revient avec ses punjabis qu’elle nous offre. Le mien est cute bien qu’en tissus synthétique, par contre celui d’Anne est une insulte. J’en ai marre. Elle est là avec sa petite fille qu’elle oblige à poser, elle rode dans ma chambre et finit par me demander de lui offrir la bouteille de rouge qui est sur mon bureau et qu’elle avait reluquée la veille. « LA BOUTEILLE», la seule et unique, celle qu’on traîne depuis Paris en se disant que nous attendrons le moment magique pour la partager (sachez que c’est le grand désert d’alcool pour nous ici… cette bouteille était notre oasis). Je suis sans voix, je panique, tout sauf la bouteille ! Je lui dis un non polie et mal-à-l’aise, je tente de lui offrir n’importe quoi d’autre qui traîne dans mon sac de voyage, voyant qu’elle ne réagit à rien je fini par lui offrir mes nouvelles chaussures de trekking en spécial à 150$... rien à faire, elle réussit toujours par me faire sentir cheap et je cours dans la chambre d’Anne et François. Par totale incompréhension de part et d’autre François me dit « ben oui donnes-y » ce qui me confirme qu’elle a raison de me faire sentir mal… Elle voulait qu’on soupe ensemble pour nos adieux, Anne qui avait la chance de vomir est restée au lit et moi et François sommes partis en tuk tuk avec elle. J’étais trop en colère, je ne disais plus rien, voyais plus rien jusqu’au moment où nous arrivons au resto et qu’aussitôt sortie du tuk tuk je dis à François en français devant elle : François, j’suis trop en tabarnak, j’peux pas faire semblant de sourire et de souper avec elle, j’veux la tuer. On s’en va, je lui dis que je suis trop malade pis on part. François, tellement gentil sourit doucement comme si de rien n’était et me dis de retourner à l’hôtel qu’il se chargerait d’elle. En lui disant aurevoir, elle me dit : « you will remember me in Canada ? if not… » et elle me fait un signe de fusil sur la tempe avec un pwaffff suivi de son gros rire gras avec sa dent en or… Je l’haïe.
Toute cette histoire remonte à deux semaines déjà. Nous sommes désormais sûrs qu'elle nous a empoissonnées avec ses bières passées date. J’ai donné mon punjabi à la première femme sympatique que j’ai croisée, on garde l’horreur d’Anne pour la Holi, question qu’il se fasse beurrer de peinture multicolore et aille aux poubelles. Depuis ce temps, elle ne cesse de m’appeler à partir de différents numéros pour que je ne puisse l’identifier, je ne réponds jamais au téléphone. Anne et moi avons des fous rires démentiels quand on médit à son propos, on adore se défouler grassement sur son dos… Par contre, ni l’une ni l’autre ne voulait nommer son nom sur le blogue par crainte qu’elle nous suive à la trace et qu’elle refasse surface !
VUE PAR ANNE:
Le lendemain du fameux faux «souper dans une famille indienne», je ne vais pas très bien, même plutôt mal. Une nausée ne me lâche pas depuis mon réveil. Je passe cette journée soit couchée dans mon lit, soit accroupie, la tête dans le bol de toilette. Karine ne va guère mieux. J'ai fini par comprendre par la suite que les bières de contre-bande devaient être expirées, que notre ravisseuse en coton ouaté nous avait empoisonnées. Entre deux aller-retour à la toilette, je maudis cette femme. Plus tard, toujours pas remise de mon empoisonnement, la ravisseuse exige de me remettre en main propre un ensemble horrible et fleuri en matière inflammable, taillé sur mesure pour moi. Seul François Gourd saurait porter un tel pantalon sans paraître tout à fait ridicule. Je reçois son cadeau comme une gifle. Pour m'offrir une telle horreur, elle me considère certainement comme sa rivale auprès de sa nouvelle amie Karine.
J'ai appris que la fête de la Holi est pour bientôt. J'attends avec impatience la prochaine pleine Lune pour sacrifier mon vêtement synthétique hautement inflammable et lui en faire voir de toutes les couleurs.
FIN...
Voici le seul document la concernant que nous vous divulguerons sur ce site.
COUCHEZ VOS ENFANTS!!!